Agression au sein de KDS/ Le policier s’explique : « ils auraient pu arracher mon arme »
Jeudi 12 octobre au soir, une capsule d’un policier au sein de KDS a fait le tour de la toile. Venu pour assurer la sécurité au sein de la société, le flic a usé de son arme pour disperser des souscripteurs hostiles, surchauffés et bellicistes. Quelques heures plus tard, le journal en ligne Afriksoir.net titrait dans ses colonnes : « un policier tire sur un souscripteur dans une confrontation au siège de KDS Holding. » Avant de démontrer par des images exclusives que cet intitulé a été fait sans investigation et rien qu’à partir des émotions et des colportages de Facebook, nous tenons à donner une information capitale.
Le vendredi 13 octobre, dans la matinée, nous nous sommes rendus au siège de KDS Holding. En y interrogeant les occupants et les responsables de la société, il a été révélé qu’aucun membre du journal afriksoir.net ne s’est rendu dans les locaux de l’entreprise pour recouper les informations. Sans être allés visiter la scène de l’échauffourée, ils n’ont émis non plus aucun appel auprès de la structure de Transport, encore moins à l’endroit du policier indexé. Dans ce cas, peut-on se hasarder à proposer un titre aussi tendancieux sans s’en être assuré de la véracité ? En réalité, ce titre a été élaboré rien qu’à partir des émotions et des ramassis des réseaux sociaux. Il faudrait faire preuve de perspicacité les prochaines fois.
Ceci dit, ayant été nous-mêmes sur la scène de l’altercation, nous nous sommes entretenus avec des témoins souscripteurs en plus de poser nos questions au policier Kouamé qui fait l’objet de la polémique. Ce dernier atteste avoir été agressé physiquement, ses collègues et lui, par une multitude de souscripteurs qui se sont interposés sur leur route en vue de s’en prendre physiquement au PDG Koffo Doga Sevérin. Craignant que son arme ne lui soit arrachée, le policier a dû faire des tirs de sommation au sol, sur le carrelage, tel que nous voyons l’impact sur l’image que nous pouvons vous présenter ci-dessous.
Le policier Kouamé affirme avoir réussi à se délivrer de l’emprise des agresseurs, seulement après ses tirs de sommation auxquels il a été contraint. L’instant d’après, le garage a pu être ouvert, et les gardes et le patron sont partis en voiture, en trombe.
Avant que tout cela n’arrive, le policier rend son témoignage sur ce qui s’est passé précédemment : « Depuis le matin, on a informé les souscripteurs que leurs paiements se feraient par voie bancaire parce que le Comité de veille du Trésor public en a décidé ainsi. Mais tard dans la nuit, ils étaient encore dans nos locaux, dans une attitude vraiment belliqueuse. Nous savons qu’ils se sont constitués en groupe sur les réseaux sociaux et ont des administrateurs qu’ils écoutent. Nous avons appelé ces derniers pour qu’ils leur rapportent notre message, en leur demandant de rentrer chez eux. Malgré la médiation qui a été faite par certains de leurs pairs, ils n’ont rien voulu entendre. Cependant, nous avons peut-être sous-estimé leur nocivité. À 22 heures 30, nous sommes descendus avec le PDG, afin de rejoindre nos domiciles respectifs. Les agresseurs se sont interposés sur notre route, disant qu’on ne sortirait pas sans avoir payé leurs jetons. Le PDG a voulu monter dans sa voiture, et ils l’en ont empêché.
Je suis allé moi-même vers le portail pour tenter de l’ouvrir, et ils en ont profité pour me tabasser. Je me suis dit, dans leur fougue, si jamais ils m’arrachent mon arme, qu’est-ce qui pourrait advenir ? Je me disais aussi qu’il aurait pu avoir des infiltrés parmi eux, pour nous faire du mal. Vu la tension et leur nombre abondant, j’ai pris des mesures sécuritaires en faisant des tirs de sommation au sol, le garage n’offrant pas de ciel. Ce n’est que comme ça qu’on a pu se tirer de leur emprise. Les éclats de carreaux ont blessé au pied l’un de nos agresseurs. Nos collaborateurs restés sur le lieu l’ont accompagné au 30ème arrondissement où il a été entendu par un officier qui a constaté son état. Ensuite ils sont allés au CHU d’Angré où le médecin a attesté qu’il n’y a pas eu d’impact de balle au pied, mais d’éclat de carreaux. »
Le pied de l’agresseur des policiers, lors du passage au CHU d’Angré
Aussi vrai qu’il est recommandable à un policier de ne recourir à son arme à la limite du possible face à des civils hostiles, il est important de rappeler que l’uniforme d’un policier est représentatif de l’autorité régalienne et que nul citoyen n’a le droit d’outrager un corps habillé encore moins porter atteinte à son intégrité physique.
Interrogés sur les circonstances des évènements survenus ce jeudi à KDS, certains des souscripteurs ont préféré botter en touche. Sans nier être restés dans les locaux de la société jusqu’à 22 heures passées, ils soutiennent que c’est le non-paiement de leur rémunération qui pourrait expliquer les dérives.
Commentaire d’un souscripteur sur l’échauffourée. Une partie floutée en raison des caractères qui peuvent paraître inélégants
Leur priorité est de rentrer seulement dans leurs fonds. KDS, qui s’est déjà engagé à cela sous le regard du Comité de veille, souhaite une attitude responsable de la part de ses partenaires, en vue de s’acheminer chronologiquement vers un dénouement heureux de la situation. De toute façon, la violence n’a jamais rien résolu, et en de telles circonstances, comme la langue et les dents, chaque partie gagnerait à préserver les acquis pour une issue lumineuse au bout du tunnel.
Louis-César BANCÉ
banceglory@yahoo.fr
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