LA PAUVRE VENDEUSE D’ANANAS ET SES BÉBÉS JUMEAUX

Article : LA PAUVRE VENDEUSE D’ANANAS ET SES BÉBÉS JUMEAUX
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26 mai 2021

LA PAUVRE VENDEUSE D’ANANAS ET SES BÉBÉS JUMEAUX

Ce soir du mois d’Avril-là, il avait pris la poudre d’escampette quand je lui avais annoncé être enceinte de lui. Après m’avoir conseillé l’avortement en se heurtant à mon refus catégorique, Michel s’était volatilisé, rendant ses deux numéros de téléphone hors service. J’ai dû porter toute seule ma grossesse, subissant les injures de ma famille jusqu’au au soir de mon accouchement.

J’ai donné naissance à des jumeaux. Deux garçons qui avaient hérité malheureusement de la tête de leur poltron de père. J’aurais voulu tant qu’ils me ressemblent, ces bouts de choux. Ils étaient ma raison de vivre, le levain qui me donnait envie de me battre pour atteindre des sommets, gauler les étoiles di ciel, donner plein de scintillement à leurs existences…

C’était difficile de parcourir les rues d’Abidjan, en marchande ambulante, avec mes bébés de 10 mois, l’un attaché à ma poitrine par un pagne et l’autre sur mon dos, alors que je chargeais une cuvette pleine d’ananas… Je n’avais pas le choix, je devais m’en occuper toute seule, au quotidien. Chaque jour je rencontrais des clients de diverses personnalités. Il y en avais de si méchants, vous savez. Des gens à la richesse insolente qui me demandaient de diminuer le prix de mes fruits alors qu’ils ne coûtaient que 300 francs CFA… Certains allaient même jusqu’à me faire des propositions indécentes, me proposant d’acheter toute ma charge en échange de mes faveurs sensuelles. Puis un jour, mon chemin croisa celui d’un homme à la peau blanche. Il y avait une mendiante tout près de nous à ce carrefour-là, qui lui tendait la main. Il la toisa en articulant :

  • «Vous avez tous vos membres au complet, madame, et vous faites la manche. Regardez par contre cette femme qui traîne ses enfants avec elle pour vendre des fruits. C’est elle qui mérite d’être encouragée, pas vous !»

L’homme qui venait de parler de la sorte m’a prise par la main, m’emmenant vers sa voiture près de laquelle il m’a aidé à poser ma cuvette.

  • «Combien coûte vos ananas. »
  • «L’unité est à 300 francs. »
  • «Okay. Je les prends tous !»

Il y en avait une dizaine, que j’ai déversée dans son coffre-arrière. Et au moment de me payer, je n’en revenais pas devant les liasses de billets qu’il me tendait :

  • «C’est juste 3 millions de francs CFA. C’est ma contribution, pour ne plus vous voir errer dans les rues avec vos jumeaux, la tête chargée. »

Puis il m’a tourné le dos comme si de rien n’était.

  • «Comment vous vous appelez s’il vous plaît ? Comment vous revoir ?»
  • «Retenez juste qu’on m’appelle par mes initiales : HH. Les intimes m’appellent aussi le vagabond de la charité…»
  • «Merci…»

Grâce au geste de mon bienfaiteur, j’ai pu ouvrir une boutique et me prendre une baby-sitter pour m’aider dans mes tâches…

Des mois après, voyant que ma situation est devenue reluisante, Michel, le père de mes enfants veut se remettre avec moi. Je l’aime malgré ce qu’il m’a fait. Je le hais aussi. Entre deux feux, je ne sais pas si je dois lui donner une seconde chance et ce bonheur de faire bénéficier à mes gosses de l’amour de leur papa… Si vous étiez moi ?

Louis-César BANCÉ

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Commentaires

Moussoni
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Si je l'aime je ferai ce que mon coeur désir

Louis-César BANCÉ
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Hahaa

Onouho Esther Danielle
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Ah l'amour, tout dépend de toi hooo ma chérie si tu veux accepte le

Louis-César BANCÉ
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Estelle, je ne sais pas quoi te dire. Où que j'écrive, tu es toujours là, avec moi, m'accompagnant partout. Merci pour tout. Tu es vraiment la première fan de LCB !