Aider maman dans son commerce au lieu d’aller à l’école…

Abidjan. Commune de Yopougon, quartier populaire. Tôt ce matin, je rencontre deux vendeuses ambulantes transportant des cuvettes de légumes sur leurs têtes. En les regardant, j’imagine tout de suite qu’il s’agit d’une mère et sa fille. Une fille dont l’âge devrait rôder autour de 12 ans. Pourtant nous sommes jeudi, jour d’école. La question de la scolarisation s’installe dans mon esprit, et j’essaie de comprendre pourquoi. Pourquoi être destinée à autre chose qu’à l’école alors qu’on est en âge d’avoir droit au savoir pour mieux préparer son avenir ? À moins que la petite ne soit dans un système de double vacation qui lui permet de meubler une demi-journée à sa guise ?

Friand de légumes, particulièrement de concombre, tomate, oignon et de poivron dont je me sers pour faire ma salade, j’en achète naturellement avec les deux commerçantes non sans engager la conversation avec elles. Je l’avais deviné ; elles sont parentes. Abandonnée par un père irresponsable, la jeune enfant s’est vue contrainte d’épauler sa maman en la suivant dans la rue pour vendre. Avec leurs bénéfices, elles arrivent à assurer leur pitance quotidienne, au prix de sueur et de difficultés. Ce qu’elles déplorent et qui empêche la bonne marche de leur commerce, ce sont les crédits de certains clients malveillants qui ont l’art de les piéger. Ces derniers habitent dans de jolies maisons, portent de jolis habits et donnent l’air de travailler à la banque. Ils prennent les légumes, promettant de payer mais malheureusement les deux vendeuses se retrouvent dans un marathon céphalalgique à l’encaissement. De guerre lasse, elles abandonnent leurs dûs, préférant continuer leurs marches et concentrer leurs énergies vers la quête d’un horizon meilleur…

Déjà que la vie ne leur fait pas de cadeau, tout ce que nous pouvons faire en tant qu’êtres consciencieux, c’est d’acheter leurs marchandises en payant cash plutôt que de faire les filous pour les enfoncer.🤦🏾‍♂

Louis-César BANCÉ