Chico, un ivoirien en Tunisie : « J’attends que l’État de Côte d’Ivoire fasse une sortie pour demander aux tunisiens d’arrêter avec les arrestations et les violences»

Article : Chico, un ivoirien en Tunisie : « J’attends que l’État de Côte d’Ivoire fasse une sortie pour demander aux tunisiens d’arrêter avec les arrestations et les violences»
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25 février 2023

Chico, un ivoirien en Tunisie : « J’attends que l’État de Côte d’Ivoire fasse une sortie pour demander aux tunisiens d’arrêter avec les arrestations et les violences»

Jeune ivoirien, Chico a quitté la Côte d’Ivoire le 10 janvier 2021, est passé par le Mali, l’Algérie, a traversé le désert et est finalement arrivé en Tunisie le 1er février 2022, espérant y trouver une vie meilleure. Ayant exercé quelques boulots pour gagner sa pitance, aujourd’hui il a été renvoyé par son patron du fait de la répression contre les noirs et particulièrement la communauté ivoirienne. Il répond aux questions de LCB.

LCB : Quelle est la situation que vous vivez particulièrement en Tunisie ?

Chico : Depuis quelques semaines, une ivoirienne à été tu..ée dans son « Ouganda » (bistrot dans le jargon tunisien). Le meur…tre a été commis par des Subsahariens. Les nationalistes racistes arabes ont profité de ce méfait pour s’en prendre aux noirs africains que nous sommes. Au delà de ça, il faut noter que le Parti national tunisien multiplie depuis plusieurs mois des intox en détournant des vidéos d’Alpha Blondy et d’un autre homme. Ce parti, utilisant l’image de la Palestine et d’Israël, a pu manipuler une frange du peuple tunisien en lui faisant croire que nous sommes ici afin de leur arracher leur terre.

Il y a eu un communiqué du Conseil de sécurité dirigé par le Président tunisien. Cette sortie médiatique a raffermi les attaques racistes contre nous.

Ce 23 février, j’ai été renvoyé du travail. Mon patron m’a présenté une note de la société tunisienne des bourses, laquelle ordonnait à toutes les entreprises de se séparer de leurs employés en situation irrégulière. Et depuis, je cherche un moyen pour me rapprocher des miens qui sont bien plus nombreux dans la ville de Sfax, afin d’être en sécurité. Je veux aussi aller à l’ambassade de la Côte d’Ivoire où les autorités ont demandé de venir nous faire enregistrer. Actuellement je suis à Ben Gardane. Certains Transports en commun dont les louages, ( l’équivalent des gbakas chez les ivoiriens), demandent des passeports ; ce qui rend les déplacements très difficiles. Il n’y a aucun couloir sécuritaire pour nous, et les arrestations continuent. Un ami m’a informé qu’il y a des cars à Metline où on ne demande pas de passeport aux passagers. Je vais essayer de m’y rendre.

LCB : Avec tout ce que vous traversez comme difficultés, quelles sont vos intentions. Rester en Tunisie malgré tout ou retourner chez vous en Côte d’Ivoire ?

Il n’y a plus d’avenir pour moi en Tunisie ; et si je reste, je crains pour ma vie. Ils disent de rentrer chez nous, mais en même temps ils nous arrêtent pour nous emprisonner parce que nous n’avons pas de papiers.

En nous demandant de partir, les tunisiens devraient, soit, nous expulser par leurs propres moyens, ou encore faciliter notre rapprochement de notre ambassade afin que les nôtres organisent notre rapatriement.
J’attends du gouvernement de mon pays des actions fermes pour faciliter notre retour. La condition des Noirs et particulièrement celle des Subsahariens est très tendue ici. Il faut que l’État ivoirien fasse une sortie pour demander à la Tunisie d’arrêter les arrestations et les violences. Au delà des enregistrements de ses ressortissants, l’ambassade ivoirienne doit installer un couloir sécuritaire, organiser des convois dans les villes telles que Gabès, Sfax, Zarzis, Monastir et ailleurs, afin d’y extraire les ivoiriens et les conduire vers la capitale…

LCB : Tous les tunisiens que votre chemin a rencontrés, vous sont-ils hostiles, tous, sans exception ?

Non. Il y en a qui sont très gentils et qui ne sont pas d’accord avec ce regain de racisme. Quand y a la vérité, il faut le dire. Même parmi les policiers, j’en ai rencontré de très sympathiques qui m’ont aidé avec leurs conseils. Tous les tunisiens ne nous sont pas hostiles…

Entretien réalisé par Louis-César BANCÉ

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