ÉTUDIANT EN BIOLOGIE, IL VEND DES IGNAMES POUR AIDER SA FAMILLE

        Dimanche 25 Juillet. En partance pour Abidjan à bord de ma voiture, j’ai garé sur un trottoir de la localité de Halnankaha, à quelques kilomètres de Niakara, pour acheter des ignames avec un jeune homme.

– C’est combien, tes ignames ? 

– 5000 francs le tas.

– Fhum, c’est cher dèh.

– Ce sont des ignames de qualité. Il y en a de plus abordables que les gens vendent devant mais de qualité vraiment inférieure. 

– D’accord, je les prends. 

      Le jeune homme me sert mes ignames en m’aidant à les mettre dans le coffre de ma voiture :

– Vieux-père, tu vas me mettre sur les réseaux sociaux non ? me demande-t-il. On n’a qu’à prendre photo tu vas parler de moi. Je lis souvent tes chroniques et t’ai reconnu grâce à ta voiture. 

     Un vendeur d’ignames en pleine campagne qui me lit ? Médusé, ou du moins, épaté, je commence à lui poser quelques questions et il décline son identité :

– Je m’appelle Romaric, je suis étudiant en biologie à l’Université de Korhogo. C’est pendant les vacances que je viens à Kanawolo, et ici à Halnankara, près de Niakara, pour vendre des ignames. Cette activité me permet de payer la scolarité de mes frères et sœurs et de m’occuper de mes parents qui sont pauvres. Je fais ce job de vacances depuis 5 ans. 

– Bravo Romaric ! Tu es vraiment courageux et brave !

     L’étudiant et moi nous sommes échangés nos numéros avant que je ne continue ma route sur Abidjan. Une rencontre dans les profondeurs du pays, un dialogue en un laps de temps, une vie resumée en une phrase, un souvenir, des images qui restent indélébilement à l’esprit…

Louis-César BANCÉ