Sans suspense, pourquoi Patrick Achi sera-t-il reconduit Premier ministre ?

Côte d’Ivoire. Depuis la dissolution du gouvernement le 6 octobre, les spéculations vont bon train. Des noms passant pour incognito dans la sphère politique, sont hasardeusement cités dans une présomption de succession à Patrick Achi. À l’analyse, il s’agit juste de supputations pour alimenter la toile et grignoter quelques datas aux internautes. À y réfléchir, le Président de la République Alassane Ouattara, n’a aucune raison de se séparer de son dernier Chef de gouvernement. Bien au contraire !

Sous le leadership du Premier ministre Patrick Achi, la Côte d’Ivoire a renforcé l’édification de ses infrastructures à une pléthore de niveaux. Lui-même ministre des infrastructures économique en 2000, Patrick Achi, qui a une longue maîtrise des actions de développement, a, à juste titre, hérité d’une primature qui lui a permis de prolonger son travail et de mieux affirmer ses capacités. Engagé fermement auprès du Chef de l’État dont il a brillamment réussi à incarner la vision et les idéaux, les atouts de Patrick Achi sont énormes, multiformes.

En plus d’être travailleur chevronné et de toujours bien faire ce qu’il fait, Patrick Achi n’est aucunement dans la vacillation, ni dans l’irrésolution. Il a toujours démontré son engagement sans concession à l’ancien dirigeant du FMI. Lors des élections présidentielles de 2020, croyant que le pouvoir RHDP partait à son déclin, plusieurs cadres du parti dont des transfuges du PDCI-RDA, avaient renversé leurs casquettes, rejoignant les rangs de l’opposition avec l’idée de faire partie des futurs nouveaux maîtres du jeu politique. Patrick Achi alors ministre d’État et Secrétaire général de la Présidence, est resté cramponné au Président Alassane Ouattara. Le natif de la Mé aura une fois de plus montré ses qualités d’homme fidèle et loyal !

D’ailleurs, il est dit que le peuple Akyé ne sait pas tricher. Quand il est engagé avec une personne, il l’est à fond, sans rechigner, sans sourciller.

En novembre 2022, préparant la visite du Président Laurent Gbagbo à Adzopé, l’un des secrétaires du PPA-CI, Blaise Lasm, s’adressant aux populations akyés, leur disait ceci : « le Président Laurent Gbagbo, votre frère, ami et idole, sera là. Le peuple akyé ne sait pas faire semblant. Quand il est avec toi, il le prouve !»

Comme Patrick Achi qui a toujours prouvé son attachement au Président Ouattara ! Cette fidélité qu’il manifeste de façon concrète à travers son impact politique dans la Mé. Député d’Adzopé, Président du Conseil régional de la Mé sous la bannière du RHDP, Patrick Achi fait mordre la poussière au PPA-CI à qui il arrache une région autrefois forteresse du Woudi de Mama.

L’implantation du FPI de Gbagbo chez les Akyés voit ses premières lueurs en 1990 lorsque le parti y gagne trois sièges de députés au cours des législatives. En 2000, pour les mêmes échéances, en dépit d’un faible taux de participation enregistré par les électeurs de la Mé, 34℅ de suffrage exprimé, le FPI négocie sa suprématie, l’obtenant véritablement pendant les joutes de 2010 : 74,89 ℅ en sa faveur contre 11,01 ℅ pour le parti d’Alassane Ouattara. Un Premier ministre originaire de la Mé, Aké N’gbo, est dès lors nommé par Laurent Gbagbo, comme pour signifier sa reconnaissance à sa victoire fulgurante en pays Akyé. Cependant, victorieux aux présidentielles, Alassane Ouattara devient Président de la République, faisant spectaculairement basculer l’électorat Akyé à son avantage grâce au maître d’orchestre, Patrick Achi. La visite du Président Laurent Gbagbo à Adzopé le 12 décembre 2022, n’y a rien pu malgré qu’il eut ravivé les mémoires des populations lors de son discours : « Vous qui connaissez l’histoire, allez leur expliquez que lui là, c’est Laurent Gbagbo, et la Mé, c’est chez lui ! »

Et pourtant la Mé, est celle aussi d’Achi. Mais il faudra un bras de fer pour évaluer les nouvelles forces des uns contre celles des autres. Et c’est Achi qui l’emporte !

L’invasion du RHDP dans la Mé sous l’impulsion de Patrick Achi, est une autre raison qui devrait confirmer son maintien au poste de Premier ministre. À lui seul, Patrick Achi a la légitimité du point de vue de la loyauté, de l’efficacité aussi bien sur le plan du travail que du poids dans l’arène politique. (Il a récolté 68,06 ℅ de l’électorat du Conseil régional de la Mé contre le rival candidat Emmanuel Monnet du PPA-CI, 30,70℅ des voix, implicitement Laurent Gbagbo.)

Patrick Achi a eu également la particularité de s’engager auprès de tous ses pairs du même parti, pour favoriser leurs victoires. Il ne pense pas qu’à lui, mais à toute son équipe ! C’est un leader généreux. Lors des campagnes dans la Mé, alors qu’il s’exprimait en langue akyé, il a rarement tenu un discours sans y associer le nom de son mentor, en qui il s’identifie : le Président Ouattara. Fin stratège politique alors qu’on lui déniait cette habilité, Ado sait pertinemment qu’on ne se sépare jamais aussi brusquement d’un alter ego, socle d’une vision, d’un idéal, d’une logigue gouvernementale. Patrick Achi a de plus l’avantage d’étendre la multiculturalité du pouvoir RHDP, contrairement à des noms similaires au Chef de l’État, qui réduiraient la percée du parti dans d’autres régions. Il n’y a aucun suspense à se faire sauf pour ceux qui veulent se torturer, Patrick Achi, Adjou Alé, Kaman nan, le génie blanc, au regard de ses atouts, de ses acquis, tiendra à nouveau le gouvernail du nouveau futur gouvernement, car on ne change pas un tandem avec lequel on remporte d’importantes victoires !

Louis-César BANCÉ

banceglory@yahoo.fr