Côte d’Ivoire : A Bécédi-Brignan, un instituteur âgé de 88 ans raconte ses souvenirs de l’école primaire

Article : Côte d’Ivoire : A Bécédi-Brignan, un instituteur âgé de 88 ans raconte ses souvenirs de l’école primaire
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8 août 2023

Côte d’Ivoire : A Bécédi-Brignan, un instituteur âgé de 88 ans raconte ses souvenirs de l’école primaire

À Bécédi-Brignan, village d’Adzopé en terre Akyé, Côte d’Ivoire, j’ai été présenté ce dimanche 5 août 2023 à un patriarche : le sage Modeste Kimou, instituteur à la retraite.

Le sage Kimou m’a raconté ses souvenirs de l’école primaire. Inscrit en CP1 en 1949 à l’âge de 14 ans, il dit avoir été marqué par le charisme et le génie des maîtres qui les initiaient à l’alphabet et au savoir. Celui qui l’a particulièrement ébloui était un instituteur dahoméen. Le patriarche Modeste Kimou se souvient encore de ce dernier lorsqu’il le décrit avec des yeux pétillants : « Ce maître m’a enseigné du CE2 au CM2. Il s’appelait Wilson Pierre. Il connaissait papier, dèh ! Non, il connaissait papier même ! En plus de cela, il savait parfaitement jouer à trois instruments : la guitare, le saxo et le violon. En classe, ça lui prenait souvent de nous regaler de son doigté musical. Un jour il pouvait nous jouer du saxo, et les autres jours le violon, la guitare. Monsieur Wilson Pierre était un enseignant rigoureux. C’était une époque où l’école était vraiment excellente ! »

LCB et le patriarche Kimou


En parlant d’excellence, j’ai interrogé le patriarche sur ce qu’il pense du niveau des élèves de sa génération comparativement à celle d’aujourd’hui. Il a rigolé : « Mais la balance est complètement déséquilibrée ! Aujourd’hui, les élèves sont au collège et ils ne savent même pas écrire correctement. Il faut savoir écrire d’abord, c’est cela la base. Certains même sont à l’Université, mais quand tu les lis, c’est lamentable ! Nous, en notre temps, dès l’école primaire, nous savions rédiger une bonne dissertation. Dommage que mes cahiers soient perdus. Je te les aurais montrés, et tu aurais vu comme on s’appliquait à l’écriture. Belle écriture calygraphique, et sans faute, monvié ! Et il faut que je te dise : À 14 ans, je faisais partie des plus jeunes élèves de CP1. Y avait des élèves de 20 ans dans ma classe. Nous ne faisions pas de longues études mais nous étions très doués quand, après une formation ou un stage, nous embrassions une carrière professionnelle. »

Poursuivant ma conversation avec le sage Kimou, je me suis montré curieux de savoir ce qu’était sa relation avec les élèves à qui il a enseigné. Pour être plus précis, la question que je lui ai soumise était celle-là : « On dit que les élèves sont tous ingrats. Êtes-vous d’avis ? » D’un geste qui cachait mal sa déception, il s’est ouvert de la sorte : « Moi je ne suis pas aigri, hein, loin de là ! Quand ils réussissent, on est fier parce que c’est dans nos mains qu’ils sont passés depuis qu’ils étaient tout-petits. Il y en a qui deviennent ministres, PDG de grandes sociétés, et qui nous regardent de haut. Ils peuvent nous voir, nous reconnaître, sans daigner nous saluer. Parfois même, un élève à qui tu as enseigné peut passer avec sa voiture et t’éclabousser, toi le maître-piéton. Cependant, y en a qui sont reconnaissants et ça fait plaisir. Mais ceux-là ne sont pas du tout nombreux ! »

Louis-César BANCÉ

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