En Côte d’Ivoire, le marché est cher : augmentez l’argent de popote de vos épouses !
Je vis seul avec ma fille, à Yopougon-Maroc. Tous les jours, nous mangeons au restaurant. Il arrive aussi que ma fillette de 11 ans concocte de petites choses pour nous. La dernière fois elle a fait des crêpes en me disant que c’est sa grand-mère qui lui a appris la recette, un truc à l’aspect trop occidental pour moi qui suis trop habitué aux choses locales.
Ce mercredi 25 octobre, le matin, je passe la journée à la maison. Après avoir mis une pause sur un chantier d’écriture, je décide, sur un coup de tête, de me rendre au marché. Je vais faire la cuisine ! Je ne m’y connais pas, mais pourquoi ne pas essayer de faire un bricolage ? De la viande, des tomates, de l’oignon, de l’huile, du piment…il suffit de foutre tous ces ingrédients dans la marmite et de les faire cuire ! Si la viande est assaisonnée, pas trop dure à mâcher, c’est que la préparation est réussie ! N’est-ce pas ? Pendant que je m’y mets et avant que je ne vous donne le résultat de mon essai, je vais vous dire en réalité ce pourquoi j’ai voulu publier un post avec cette photo d’illustration : le marché est cher ! J’ai demandé à la commerçante qui m’a servi, combien pourrait coûter une popote pour une famille de quatre personnes et de six personnes.
Pour le premier cas, elle m’a répondu 8.000 francs CFA. Pour le deuxième, 10.000 francs CFA. Elle a fait ces estimations en riant. Était-ce une blague ou les denrées alimentaires sont vraiment hors de portée pour les familles ? Des familles dont les membres dépassent globalement six personnes en sus ! À Yopougon-Sicogi, dans les maisons en location, certains sont entassés comme des poulets : on héberge les cousins du village, les nièces et les neveux, ces enfants que les filles légitimes de la maison ont obtenus dans leurs libertinages auprès des gars irresponsables eux-mêmes domiciliés chez leurs parents…
À quel moment ai-je écrit tout ça ? En publiant cette image, j’ai juste voulu y adjoindre cette légende : « le marché est cher ! Augmentez l’argent de popote de vos moussos* ! » En même temps, on ne peut faire une telle interpellation sans épingler le gouvernement : que fait-il réellement pour améliorer les conditions de vie de ses populations ? Hausse du smig sans que la bourse des travailleurs ne subisse au préalable une véritable augmentation ! Ces travailleurs des secteurs privés, publics, informels, qui ne cessent de se plaindre d’avoir des charges au-dessus de leurs moyens. Chut. À Assinie, commune balnéaire paradisiaque du sud-est du pays, certains citoyens de l’élite des barons, claquent des dizaines de milllions en un week-end pendant que la majorité de leurs concitoyens broient du noir…
https://french.news.cn/20220928/2f78986f802748eea38e10ddc4a7e168/c.html
Dans ce pays, il y a un clan qui mange et la masse qui pleure. La dernière fois, j’ai discuté avec la directrice d’une agence immobilière. Elle me lit sur Facebook. Une vraie fan de LCB. Nous parlions de mes articles sur le coût des logements exorbitant à Abidjan. Savez-vous ce qu’elle m’a dit ? Eh bah, avec son expérience de plus de trente ans dans le milieu immobilier, elle a déclaré que l’État est le plus grand coupable dans cette affaire de loyer onéreux. Elle a justifié sa thèse par un argumentaire convaincant illustré d’anecdotes. Ça pourrait faire l’objet d’un autre article : ceux qui nous gouvernent travaillent-ils réellement au bonheur et à l’épanouissement du peuple ?
Louis-César BANCÉ
*Mousso : femme, épouse (argot ivoirien)
Commentaires