La rébellion du pony
En France, il existe des espaces de divertissement pour les enfants. Lors d’un passage à un parc, j’ai cerné la souffrance des ponys utilisés pour faire le tour des enclos dans un ballet ennuyeux pour eux…
Le petit a dit qu’il voulait faire du pony. Nous sommes donc allés au parc. À la billetterie, j’ai pris un ticket de 10 euros donnant droit à la balade sur le dos de l’animal. Une dizaine d’enfants étaient en rang, attendant chacun leurs tours de passage. Arrivé au nôtre, mon petit, qui montrait une impatience, s’est réjoui de pouvoir enfin monter sur le p’tit cheval. Nous avions droit, comme tous les prédécesseurs, à trois tours dans l’enclos. Après le premier tour, le pony a arrêté de faire le trot, refusant également de marcher. Le tour de trop ? J’ai tiré sur la corde pour l’amener à avancer. Il a boudé, puis a ouvert le museau derrière son licou, nous justifiant sa rébellion :
« Qu’est-ce que vous croyez, vous ? Que je suis un objet insensible ? Je suis un être vivant, autant que vous. Ça fait des heures qu’un nombre inquantifiable d’enfants me montent sur le dos et que je leur fais à chacun, trois tours ennuyeux de cet enclos. Vous ne savez pas que c’est épuisant ? Je n’en peux plus ! Je suis éreinté. J’ai envie de me reposer. Je ne bougerai plus ! »
Mon petit et moi sommes pliés à la volonté du pony. Nous l’avons ramené à la ligne de départ, là où la responsable du parc nous attendait pour le balancer à un autre enfant.
« Ça y est ? Vous avez fini vos trois tours ? » a demandé la responsable. « Non madame » ai-je répondu. Après le premier tour, le pony a refusé de continuer. Je comprends le langage des animaux. Il m’a dit être harassé. Est-ce que ce ne serait pas une forme de torture pour eux, le fait de devoir conduire un nombre pléthorique d’enfants pendant de longues heures au cours d’une journée ?
« Ah ! Je comprends ce que vous dites. Vos ressentis doivent être fondés, je le pense, je le vis ici. Mais que puis-je ? Je ne suis qu’une simple employée ! » 🤷♀️
Tout ceci ne vient pas de mon imagination. À part la prosopopée du pony, inspirée de mon ressenti après qu’il a refusé d’avancer, le dialogue avec la responsable du parc est authentique. J’ai senti un exténuement dans le langage corporel du cheval.
C’est pour cela qu’à Paris, la mairie a décidé de mettre fin aux balades à pony dans les parcs d’ici 2025.
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