Ta place est à l’école mon petit !

Article : Ta place est à l’école mon petit !
Crédit: LCB
19 septembre 2023

Ta place est à l’école mon petit !

Abidjan, Côte d’Ivoire. Lundi 18 septembre. Je suis assis au maquis Mouton de Yopougon Maroc, accompagné d’un cadre de la région de la Mé*. Nous partageons un repas. Pendant que nous déjeunons, un enfant s’avance vers nous avec ses accessoires de téléphones :

– Bonsoir les tontons ! Nous lance-t-il. Il y a fourreau, anti-choc, chargeur original, écouteur…

Mon convive s’intéresse aux marchandises du marchand. Un petit marchand dont la fragilité m’intrigue. À son âge, il devrait être à l’école et non dans les rues en train de faire du commerce. Pendant qu’il s’occupe à donner peau neuve aux téléphones du grand monsieur qui me tient compagnie, j’en profite pour en apprendre sur sa situation :

– Petit, quel âge as-tu ?

– J’ai 15 ans.

– Es-tu inscrit à l’école ?

Le gamin me fixe, baisse la tête, se montre hésitant dans sa réponse :

– Oui, je vais à l’école.

– Tu es en quelle classe ?

– Je fais CM1. Je fais aussi école coranique.

Crédit photo : LCB

Est-ce possible d’être simultanément un élève de l’enseignement général et islamique ? Je trouve aussi étrange que le bambin soit encore, à 15 ans, au cours moyen. À cet âge, aujourd’hui, ses amis sont déjà au deuxième cycle du secondaire ! Je poursuis ma conversation avec le gosse. Je lui demande comment il s’appelle, où il habite et avec qui, et pour le compte de qui fait-il l’ambulant ?

– Tonton, je vis à Port-Bouët 2, avec mon grand frère, me répond-il tout timidement. C’est pour lui que je vends les accessoires de téléphones. Chaque soir je lui fais le point. Lui, également, est vendeur d’accessoires de portables.

Le petit marchand ambulant m’apprend par ailleurs que ses parents biologiques vivent hors de la Côte d’Ivoire. Son grand frère est son rempart. Quand il a fini de s’occuper des téléphones de son client, ce dernier lui paie la facture en plus de lui remettre un généreux pourboire de 5.000 francs. Le petit est enjaillé. Il remercie son gentil tonton, ramasse ses gros bagages et s’en va en m’adressant un regard curieux : il devrait sans doute se dire que je suis le genre de tonton avare qui parle beaucoup sans rien donner aux enfants.

Petit, à quoi cela te servirait si je te donnais quelque chose ? Ton grand frère, ton boss, te le confisquerait peut-être sans se soucier de t’ôter de la rue pour t’inscrire véritablement à l’école. Ta place est à l’école, mon petit. Que Dieu te protège, et que ton histoire te conduise à un grand destin !

Louis-César BANCÉ

*Mé : région du sud de la Côte d’Ivoire

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